Une soirée à Amritsar
Nous débarquons dans les rues d'Amritsar, avec nos deux "clandestins" dans le coffre. Il y a du monde, de la vie, partout. Des femmes, des hommes, des enfants, des couleurs. Des cerfs-volants échoués dans les arbres, sur les fils électriques. Des vaches, des vendeurs de fruits et légumes, de vêtements d'occasion, des publicites pour tout un tas d'écoles privées, anglophones surtout. Nous tentons de suivre les indications menant au "Golden Temple". Celles-ci sont pour la plupart en hindi (indéchiffrables), parfois dans notre alphabet. La nuit tombe. Nous nous garons. Aussitôt notre premire rencontre avec des Indiens. Ce sont des touristes, venus visiter la ville sainte. Ils trouvent Clément et Arnaud "gentlemen" mais nous trouvent, Julia et moi, encore affublées de nos tenues "islamiquement correctes", vraiment négligées !!! On les déçoit un peu, pas assez occidentales ! Ils nous prennent quand même en photo. On rigole avec eux, ils sont sympas. On ne sait où garer la voiture, un type nous indique un parking gardé ... on se rendra plus tard compte qu'on s'était garés sur les places réservés aux conseillers municipaux dans la cour de la mairie ...
Un homme nous accompagne jusqu'au "Golden Temple", le Temple d'Or des Sikhs, où nous avons vu (dans le Guide du Routard) que l'on pouvait dormir pour rien dans le dortoir des pélerins. A l'approche du lieu saint, au coeur de la ville, les fumeurs doivent renoncer à leurs cigarettes. Et ( enfin un peu d'égalité !) hommes comme femmes doivent se couvrir la tête. Notre accompagnateur passe son mouchoir à Clément qui est très content de se ballader avec ça sur la tête ! Une étrange musique monte à nos oreilles, des tintements métalliques nous intriguent ... Ce sont les bruits de vaiselle venant de l'immense cuisine où des bénévoles préparent et servent, gratuitement, plus de 10 000 repas chaque jour ! Gobelets et assiettes en inox sont lavés, en rythme, dans des éviers en inox ...
Nous essayons de comprendre où nous devons aller. Partout les hommes portent d'épais turbans, blancs, bleus. On finit par nous indiquer une petite porte, le long du couloir principal. Le dortoir des touristes étrangers semble-t-il, le dortoir "VIP". La plupart des lits sont déjà occupés, sacs de couchages dépliés, linge qui sèche sur des fils tendus à travers les pièces. Le gardien nous propose une chambre avec plusieurs lits collés côte à côte qui en occupent toute la surface. Parfait !
Nous repartons à la recherche de la voiture, que nous garons dans un parking à étage gardé, 20 ou 30 roupies la nuit. Et puis nous partons à la découverte de la ville ... d'abord de petits palets de légumes, fris, vendus en "hamburger". Contenu inidentifiable, épicé, délicieux. Puis un bar à bière ... espèce en voie de disparition depuis la Turquie. Nous voilà de nouveau dans un pays où cette espèce est protégée. Bière indienne "Kingfisher", poissons grillés et naan fourrés ... Plaisir de de la vie. Ivresse d'être là, ensemble, libres ... La soirée a aussi été arrosée au whisky que l'on acheté au duty free lors de notre passage par la douane indienne. Ils ne comprenaient pas pourquoi nous n'avions acheté qu'une pour quatre quand nous avions droit à une chacun, et ils n'avaient peut-être pas tort ... car la bouteille a été vite finie. Mais il ne faut pas le répéter ... on a appris par la suite que ce n'était pas très correct de picoler du côté du temple ...Un petit tour de rickshaw (pousse-pousse, ici appelé 'touktouk") dans la nuit, Clément grimpé sur le toit. Puis petit jus de fruit frais dans une boutique. Les garçons s'offrent un foulard-couverture. Et enfin petit resto : Clément se gave de naans de toutes sortes, je dévore avec gourmandise mon premier "thali", un plateau repas qui offre le plaisir de ne pas avoir à choisir vu qu'il y a de tout dessus : riz blanc, sauce de lentilles, curry de légumes, yaourt aux légumes crus, chapati (galette de pain) et papad (fine galette craquante de farine de lentille, parfumée). Nous goûtons aussi une spécialité locale aux épinards: délicieusement parfumée ... mais bien trop épicée ... Je commence tout juste à entrevoir, après 26 années sur cette terre, ce que le mot "épicé" ou "piquant" peut signifier ! C'est de ce petit resto que nous avons pu nous connecter à internet et poster rapidement quelques nouvelles, juste avant que l'établissement ne ferme.
Nous revoilà dans la rue. La brume est tombée sur l ville. Il n'y a plus un chat. Les guirlandes de bouts de papier glacé rouge et or claquent au vent. Nous flottons dans une atmosphère de cotton assez irréelle, magique, mystique ...
Nous finissons la soirée par une promenade, de nuit, à pas de loup, dans l'enceinte du sanctuaire du Temple d'Or. Nous avons laissé nos chaussures et chausettes dans la chambre. Le sol de marbre, humide, est glacé. Nous marchons dans le noir vers la lumière embrumée du Temple. Nous traversons une petite rivière. Une pataugeoire d'eau pour purifier nos pieds, un pédiluve quoi. L'eau qui y coule est tiède. Puis de nouveau le marbre. Des marches, et nous voici face à un vaste un bassin dont on devine à peine l'étendue, avec toute cette brume. Il est entouré de portiques, de colonnades de marbre. J'ai une petite pensée pour les bains Szcécheny de Budapest, à qui le Temple est en train de voler la vedette. Quel calme, quel recueillement ... des hommes dans de petits pagnes blancs sortent de ce que nous pensons être des douches. D'autres se déshabillent et descendent les marches pour s'immerger tout entier dans le bassin, tenant bien haut leur turban et leur sabre au-dessus d'eux. L'eau ne doit pas être chaude car ils ne s'y attardent pas. Nous faisons doucement, à petits pas, le tour de ce grand bassin au milieu duquel on distingue, brouillé par les nappes de brouillard, le Temple d'Or. C'est ce bassin qui a donné son nom à la ville : "Amrit Sarovar", la piscine de nectar ... Les bruits sont feutrés, les formes brouillées ...
Transis de froid, épuisés, nous rentrons nous coucher ... Il est 1h ou 2h du matin ... La cour du bâtiments des dortoirs est recouvertes de corps allongés sur le dos sous leur couverture de laine : les pélerins, hommes, femmes, enfants, bébés, endormis depuis longtemps sûrement, passent là la nuit, au coeur même du lieu saint. Nous gagnons notre chambre VIP, charmé par cette atmosphère un peu particulière, mais certainement moins gagnés par la grâce du Temple que les dormeurs indiens ...
Vers 5h du matin, grand branle-bas : d'abord des champs, venus du Temple, puis, dans le couloir, remue-ménage : tout ce petit monde doit s'être levé pour gagner le sanctuaire. Nous tentons de retrouver le sommeil au milieu de cette agitation, et de grapiller un peu de repos jusque tard dans la matinée. Petit déjeuner de lassi et des sortes de naan fourrés. Avec Clément on est très entousiasmé par cette nouvelle cuisine !
Vers midi nous reprenons la route de cette frontière que nous n'avons pas tout à fait fini de passer.
Un homme nous accompagne jusqu'au "Golden Temple", le Temple d'Or des Sikhs, où nous avons vu (dans le Guide du Routard) que l'on pouvait dormir pour rien dans le dortoir des pélerins. A l'approche du lieu saint, au coeur de la ville, les fumeurs doivent renoncer à leurs cigarettes. Et ( enfin un peu d'égalité !) hommes comme femmes doivent se couvrir la tête. Notre accompagnateur passe son mouchoir à Clément qui est très content de se ballader avec ça sur la tête ! Une étrange musique monte à nos oreilles, des tintements métalliques nous intriguent ... Ce sont les bruits de vaiselle venant de l'immense cuisine où des bénévoles préparent et servent, gratuitement, plus de 10 000 repas chaque jour ! Gobelets et assiettes en inox sont lavés, en rythme, dans des éviers en inox ...
Nous essayons de comprendre où nous devons aller. Partout les hommes portent d'épais turbans, blancs, bleus. On finit par nous indiquer une petite porte, le long du couloir principal. Le dortoir des touristes étrangers semble-t-il, le dortoir "VIP". La plupart des lits sont déjà occupés, sacs de couchages dépliés, linge qui sèche sur des fils tendus à travers les pièces. Le gardien nous propose une chambre avec plusieurs lits collés côte à côte qui en occupent toute la surface. Parfait !Nous repartons à la recherche de la voiture, que nous garons dans un parking à étage gardé, 20 ou 30 roupies la nuit. Et puis nous partons à la découverte de la ville ... d'abord de petits palets de légumes, fris, vendus en "hamburger". Contenu inidentifiable, épicé, délicieux. Puis un bar à bière ... espèce en voie de disparition depuis la Turquie. Nous voilà de nouveau dans un pays où cette espèce est protégée. Bière indienne "Kingfisher", poissons grillés et naan fourrés ... Plaisir de de la vie. Ivresse d'être là, ensemble, libres ... La soirée a aussi été arrosée au whisky que l'on acheté au duty free lors de notre passage par la douane indienne. Ils ne comprenaient pas pourquoi nous n'avions acheté qu'une pour quatre quand nous avions droit à une chacun, et ils n'avaient peut-être pas tort ... car la bouteille a été vite finie. Mais il ne faut pas le répéter ... on a appris par la suite que ce n'était pas très correct de picoler du côté du temple ...Un petit tour de rickshaw (pousse-pousse, ici appelé 'touktouk") dans la nuit, Clément grimpé sur le toit. Puis petit jus de fruit frais dans une boutique. Les garçons s'offrent un foulard-couverture. Et enfin petit resto : Clément se gave de naans de toutes sortes, je dévore avec gourmandise mon premier "thali", un plateau repas qui offre le plaisir de ne pas avoir à choisir vu qu'il y a de tout dessus : riz blanc, sauce de lentilles, curry de légumes, yaourt aux légumes crus, chapati (galette de pain) et papad (fine galette craquante de farine de lentille, parfumée). Nous goûtons aussi une spécialité locale aux épinards: délicieusement parfumée ... mais bien trop épicée ... Je commence tout juste à entrevoir, après 26 années sur cette terre, ce que le mot "épicé" ou "piquant" peut signifier ! C'est de ce petit resto que nous avons pu nous connecter à internet et poster rapidement quelques nouvelles, juste avant que l'établissement ne ferme.
Nous revoilà dans la rue. La brume est tombée sur l ville. Il n'y a plus un chat. Les guirlandes de bouts de papier glacé rouge et or claquent au vent. Nous flottons dans une atmosphère de cotton assez irréelle, magique, mystique ...
Nous finissons la soirée par une promenade, de nuit, à pas de loup, dans l'enceinte du sanctuaire du Temple d'Or. Nous avons laissé nos chaussures et chausettes dans la chambre. Le sol de marbre, humide, est glacé. Nous marchons dans le noir vers la lumière embrumée du Temple. Nous traversons une petite rivière. Une pataugeoire d'eau pour purifier nos pieds, un pédiluve quoi. L'eau qui y coule est tiède. Puis de nouveau le marbre. Des marches, et nous voici face à un vaste un bassin dont on devine à peine l'étendue, avec toute cette brume. Il est entouré de portiques, de colonnades de marbre. J'ai une petite pensée pour les bains Szcécheny de Budapest, à qui le Temple est en train de voler la vedette. Quel calme, quel recueillement ... des hommes dans de petits pagnes blancs sortent de ce que nous pensons être des douches. D'autres se déshabillent et descendent les marches pour s'immerger tout entier dans le bassin, tenant bien haut leur turban et leur sabre au-dessus d'eux. L'eau ne doit pas être chaude car ils ne s'y attardent pas. Nous faisons doucement, à petits pas, le tour de ce grand bassin au milieu duquel on distingue, brouillé par les nappes de brouillard, le Temple d'Or. C'est ce bassin qui a donné son nom à la ville : "Amrit Sarovar", la piscine de nectar ... Les bruits sont feutrés, les formes brouillées ...Transis de froid, épuisés, nous rentrons nous coucher ... Il est 1h ou 2h du matin ... La cour du bâtiments des dortoirs est recouvertes de corps allongés sur le dos sous leur couverture de laine : les pélerins, hommes, femmes, enfants, bébés, endormis depuis longtemps sûrement, passent là la nuit, au coeur même du lieu saint. Nous gagnons notre chambre VIP, charmé par cette atmosphère un peu particulière, mais certainement moins gagnés par la grâce du Temple que les dormeurs indiens ...
Vers 5h du matin, grand branle-bas : d'abord des champs, venus du Temple, puis, dans le couloir, remue-ménage : tout ce petit monde doit s'être levé pour gagner le sanctuaire. Nous tentons de retrouver le sommeil au milieu de cette agitation, et de grapiller un peu de repos jusque tard dans la matinée. Petit déjeuner de lassi et des sortes de naan fourrés. Avec Clément on est très entousiasmé par cette nouvelle cuisine !
Vers midi nous reprenons la route de cette frontière que nous n'avons pas tout à fait fini de passer.