Traversée de la Serbie

Publié le par Sur la route de soi

De l'autre côté de la frontière


   Nous voici en Serbie, pour la première fois. A priori, rien de bien différent. Un peu plus loin sur la route, c’est tout. A peu près le même paysage de plaine que la veille, mais sous le soleil. D’ailleurs on a l’impression que, dans les premiers bleds, la langue hongroise est encore à l’honneur.
  
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    Les premiers villages ressemblent assez à ceux du pays voisin. Nous déjeunons dans l’un d’entre eux, Ada, près de la « marina », un petit port de rivière sous ses grands airs. Les hommes reprennent le travail, tronçonneuse en main, ils vont défricher. Une biche s’échappe des fourrés.
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   Et puis, rapidement, on croise nos premières charrettes à cheval, les premières depuis le voyage en Roumanie. Dans les champs des tracteurs hors d’âge tirent des remorques de fumier que des équipées d’hommes jettent par-dessus bord à la pelle. Sur les bas côtés les prostituées de Hongrie ont été remplacées par des chiens, des chiens partout, des chiens qui errent, nous coursent, des chiens qui gisent là, déjà fauchés par d’autres véhicules.Serbie Nord (4)
    Comme en Hongrie, dans les villages, les gens sont très occupés à ramasser les feuilles, à en nettoyer les pelouses. Certains en font de petits feux dans les fossés.
    C’est un monde agricole que cette région, les gens sont aux champs, de petites parcelles souvent, de petits tracteurs, des choux, du maïs, le temps des labours et de l’épandage. Nous trouvons un coin bien reculé, entre une vigne et du maïs où nous installer pour la nuit. Il n’est pas tard, mais la nuit est tombée, et il se met à pleuvoir. Nous bouquinons dans la voiture, Clément pratique ses premiers airs d‘harmonica.

Samedi matin, la campagne serbe

    Nous plions vite, entre les gouttes. Matinée à explorer les fin-fonds des campagnes serbes. Dans les villages seule la rue principale est bitumée, parfois pavée. Les maisons sont de briques, les cours de terre-battue, entretenues, malgré la boue. Du matériel agricole d’un autre âge. Quelques vaches, moutons, biquettes, et des basse-cours, poules et dindes surtout. Et, jolie spécialité locale, à chaque maison son silo (grenier ?) à maïs, de brique et de bois, parfois intégré au corps de ferme, parfois pas.  Aux champs pas mal de vieux, assis sur le tracteur, la carriole, ou bien à garder un troupeau de chèvres ou à surveiller 3-4 vaches en bord de route. Toujours les chiens, morts ou vifs …
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    Une usine, on y fabrique des briques. Les mêmes briques dont sont faites les maisons, les églises d’ici.
Depuis notre entrée en Serbie, plus de barrière, ni de feux, ni aucune forme de signal aux passages à niveau, ce qui angoisse un peu Clément, mais on s’y fait. Mais ici, le comble du comble : un pont rouillé, une voie (ferrée) que trains et voitures dans les deux sens doivent se partager. Pour l’occasion il y a une barrière et peut-être même un gars dans la petite guitoune pour la descendre si besoin.
Peu à peu les champs se font plus vastes, les tracteurs plus modernes. Nous passons près d’immenses silo (« soja je ne sais quoi »), des pyramides de betteraves, des queues de camions, plus ou moins  croulants, et des élevages de vaches plus conséquents.
Nous approchons de Belgrade. Dans la ville de Pancevo, où nous retrouvons le Danube, nous apercevons ce que nous pensons être des bidonvilles. L’air est humide, le ciel gris. Partout des déchets.

Un après-midi à Belgrade


   Nous arrivons à Belgrade. C’est gris, les immeubles, les tours, décrépies, rouillées, passées, n’ont absolument rien d’avenant. Pas plus que les monceaux de déchets au bord du fleuve, et puis un peu partout. Beaucoup de voitures. Les rues sont encombrées, ça grouille. Nous nous frayons notre chemin jusqu’au centre-ville. Nous nous garons. Clément part en mission à la Société Générale pour changer de l’argent. Il discute en anglais avec les deux guichetières qui lui font le change et l’une d’elles nous paie le parcmètre avec son téléphone portable. Tout ça pour se rendre compte que le directeur parlait français, Société Générale oblige. Car ici, comme en Slovaquie où nous avons découvert cette technique, pas de parcmètre. Pour le stationnement payant soit on achète un ticket à un kiosque, soit on paie via son portable (i.e. natel, GSM …) et lorsque les pervenches contrôlent notre voiture elles vérifient par des voies informatiques si son immatriculation a bien été enregistrée comme étant en règle. Voilà, voilà pour la modernité. Nous on n’a pas de portable, alors ça nous faisait une belle jambe !
C’est ainsi que nous sommes partis explorer Belgrade. Qu’en dire ? Il s’est mis à pleuvoir. C’est toujours beaucoup plus difficile d’apprécier une ville sous la pluie que sous le soleil. A la pizzeria où nous avons déjeuner (après avoir longtemps tourné en rond sans trouver quelque chose de local et de convainquant), nous avons un peu « révisé » l’histoire du pays, et c’est peu dire, tant pour le mot « réviser » que pour celui de « pays ». Nous nous sommes ensuite baladés du côté de la forteresse d’où la vue sur les fleuves du Danube et de Misa et la ville est paraît-il splendide … Beaucoup de vent, de l’eau, des briques, et une expo d’engins militaires.  Une imposante forteresse cela dit. Nous déambulons dans les rues, jusqu’à trouver la S…a : le « quartier bohème », le « petit Montmartre » … pas un chat dehors, une petite rue pavée sympa, de grandes façades en trompe l’œil. Aussi de grands bâtiments imposants (musées, ministères …) et une cathédrale tout en hauteur
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Dimanche, les montagnes serbes

   Nous nous engageons sur la « route panoramique »
Serbie Est (4)indiquée dans notre atlas et qui nous mènera, par monts et par vaux, jusqu’à la frontière bulgare. Le paysage a changé du tout au tout au fil des kilomètres que nous avons fait la veille dans le noir. Après la plaine, revoici enfin la montagne. Nous passons près d’un monastère, au creux d’une vallée, nous sillonnons un paysage vallonné, vraiment charmant. Les villages paraissent moins pauvres, moins rustiques qu’au Nord de Belgrade. Plus de greniers à maïs, mais toujours du foin qui sèche près des fermes, du maïs pas encore coupé, des bûcherons, des carrioles à cheval. En haut, quand nous passons les cols, notre vue porte loin sur la campagne, les petits champs bien rangés, ensoleillés.   

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   A la pause pique-nique, un chien, encore un, vient nous quémander quelques croûtes. Dans un virage, d’étranges fourneaux et des hommes qui s’affairent autour : font-ils du charbon de bois ? Du bois, ce n’est pas ce qui manque ! De toutes parts des forêts, sans feuille. Très peu de sapins, nous ne sommes pas assez hauts.



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La frontière serbo-bulgare

    Et puis après une station balnéaire, des sources thermales, près d’un barrage, une dernière petite ville, une dernière petite côte, nous approchons de la frontière bulgare. Nous faisons halte et nous nous retournons sur les paysages traversés dans la journée. Le soleil décline. Nous arrivons au poste frontière, nous sommes seuls, pas une voiture croisée en chemin, pas une à l‘horizon. Le bout du monde. Aux alentours aucun commerce où nous pourrions écouler nos derniers sous serbes. D’abord les douaniers serbes. Nous croyons d’abord qu’il n’y a personne, mais une barrière. Finalement nous apercevons les douaniers en train de casser la croûte en regardant la télé dans leur bâtiment. L’un d’entre eux daigne enfin sortir, et nous ouvre le passage. Nous roulons, cette fois-ci le poste bulgare. D’abord une énorme flaque d’eau : route en très mauvais état je pense ; mais non, il s’agissait d’un bac de désinfection.  Puis une première baraque. On montre nos papiers mais seuls ceux de la voiture l’intéressent, la nana nous les remet assortis d’une clef USB. Son voisin de guitoune essaie de nous vendre une vignette obligatoire pour circuler en Bulgarie … qu‘il n‘a plus en stock (résultat, faudra en acheter à la première ville et d‘ici là on ne devrait pas avoir d‘ennuies avec la police … Deuxième bâtiment, plus important. On descend, des guichets. On passe la clef USB à un guichet puis on montre nos passeports à une vraie douanière en uniforme derrière un autre guichet. Elle nous envoie attendre dans la voiture et après vérifications nous redonne passeports et clef USB et nous envoie à la guérite suivante … où nous remettons la clef USB à quelqu’un qui rentre les données sur un ordi … puis nous remet la clef et nous envoie à la quatrième et dernière guérite … dans laquelle un fonctionnaire est chargé de … récupérer la clef USB … et nous laisse aller …

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A
<br /> Alors tu n as pas trop aime Belgrade? Moi j ai adore mais il faut dire que j etais entoure de canons locales qui m emmenais dans les meilleurs endroits de la ville. Je pense tout de meme que tu as<br /> apprecies l expo de char d assault dans la forteresse et la vue sur Belgrade depuis les hauteurs. Gros bisoux a vous deux<br /> <br /> <br />
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