Bulgarie
Les oubliés de la Terre : Vidin
Frontière passée ! Nous nous aventurons en Bulgarie … Nous n’avons pas fait deux kilomètres qu’un flic fait ses contrôles, au milieu de nulle part, au croisement où nous aurions dû changer de route. Un peu penauds de ne pas avoir de vignette, nous filons …
… et nous voilà à Kula, dans toute sa splendeur, trou du cul non seulement de la Bulgarie, mais du monde je crois … chez les oubliés de la Terre. Ici ça sent la misère et le désœuvrement. Qui voudrait vivre ici ? Loin de tout, personne ne doit savoir qu’il existe des gens qui vivent ici. Une station service, tout de même, une femme peu aimable, qui n’a pas de vignettes non plus, mais qui au lieu de nous envoyer chez sa voisine et concurrente nous indique la prochaine ville, lointaine. A l’horizon : rien. C’est comme la steppe. Du vide sec, brûlé. Nous allons chez la voisine, très sympa, qui nous vend la vignette, 6 euros, au lieu de 5, on ne dit rien, déjà qu’on peut payer en euros … Car bien sûr on n’a rien changé.
Cette région c’est la région de Vidin, une langue de terre bulgare entre la Roumanie et la Serbie …
Nous y passons la nuit, dans les champs. Au loin deux grosses cheminées : une usine mais de quoi ? Une centrale ?
Le défilé d’Iskur
Lundi. Nous retrouvons la grande route. En bon état il faut le dire, c’est la seule qui relie la région au reste du pays. Monotone, surtout sous ce ciel gris de brume qui plombe tout. Avec les déchets partout, encore, ce gris, cette brume, cette humidité, tout nous paraît sale. De nouveau quelques prostituées sur les aires de stationnement en bordure de route. Deux d’entres elles se tiennent au dessus d’un pneu qui brûle. Dans cet univers froid on cherche la chaleur là où on peut.
Montana, chef-lieu de la région du Montana. Ce n’est plus celle de Vidin, mais c’est pas beaucoup mieux. On trouve, à l’entrée de la ville une station service qui peut nous remplir notre bonbonne de gaz, elle a le bon embout … mais ne prend pas les cartes. Nous partons en ville pour changer de la monnaie. Pendant que j’attends mon tour dans une banque locale (où je détonne un peu avec mes bottes en caoutchouc pourtant très adaptées aux chemins de terre), Clément déniche une Société Générale où il a vite fait d’obtenir des sous bulgares. Nous retournons à la station service … où la jeune fille nous remplit notre bonbonne avec … ce que nous pensons être du GPL ! (pas d’inquiétude, à l’usage très bonne combustion et ébullition rapide ) Pendant l’opération pas mal de gaz s’échappe et nous fait tourner la tête !
A Montana nous découvrons que les barres d’immeubles (type HLM) - par ailleurs en fort mauvais état vu de l’extérieur- doivent être chauffées au bois. En effet du bois est entassé en bas, le long des murs, sous des hangars, dans les entrées. On fera le même constat dans les autres villes bulgares.
A Montana, nous quittons la route directe qui mène à Sofia et optons une nouvelle fois pour l’itinéraire « panoramique » conseillé par l’Atlas. Au premier abord, rien de saisissant, toujours ce gris sale. La route flirte avec les montagnes … jusqu’à ce que, à la recherche d’un coin où déjeuner, nous options pour une route qui s’y engage tout à fait, direction le monastère de Chrepiski. Rochers à pic, route étroite et sinueuse, creusée dans la roche, petits tunnels artisanaux … Nous pique-niquons au bord de l’eau, devant la grille du monastère.
La route continue. Parfois des habitations, assez délabrées, loin de tout.Des petites villes même,
délabrées, loin de tout elles aussi. Nous nous partageons la vallée avec le train, qui crache des volées de passagers dans de petites gares … qui ressemblent à peine à des gares. D’où viennent-ils ? Où vont-ils ? On suppose que ce sont les familles
des ouvriers qui travaillent dans les carrières. Car ce monde est minéral, et l’activité semble tourner autour du caillou. Parfois des ponts de singe, des passerelles jetées au dessus de la rivière pour pouvoir gagner à pied l’autre côté. Le paysage, magnifique. Les petites cités ouvrières grimpent sur les pentes, en harmonie avec le relief.
Après plusieurs de conduite attentive sur cette route accidentée, le paysage s’ouvre de nouveau et nous retrouvons la « civilisation » : les barres d’immeuble, les déchetteries sauvages, et un certain bordel dans le trafic routier. C’est la banlieue de Sofia. On cherche à s’orienter vers un « centre », et y allons à l’aveuglette, dans la nuit, dans ce bazar. Il faut dire que, depuis la Serbie, nous faisons face à l’alphabet cyrillique … le même qui nous avait laissé tellement bêtas lors de notre courte épopée en Ukraine. Petit avantage ici, la plupart du temps les indications sont transcrites en latin , la plupart du temps … mais pas toujours ! Et à Sofia cela ne semble pas être la règle … Nous tournons un petit moment, dans les bouchons. A un feu, l’homme dans la voiture à notre droite nous fait de grands signes. Nous ouvrons la fenêtre et il nous crie, dans un très bon français : « Cette voiture est magnifique ». Forts du compliment, nous en profitons pour lui demander le « centrum ». Il apparaît que nous passés à côté. Changement de direction. Nous ne voyons toujours pas où il peut être. On se gare. Au Mac Do, encore une fois, nous parvenons à connecter l’ordi (très faible la connexion) et finissons par trouver une auberge de jeunesse où passer une nuit au chaud et prendre une bonne douche : « Be my guest », tout petit (une dizaine d‘hôtes maxi), très sympa. Nous nous y partageons l’espace avec le jeune qui se charge de la réception 24/24. Dîner légumes et œufs brouillés dans la tiédeur de la pièce. Que c’est bon ! Le lendemain matin on a du mal à sortir du lit. On traîne devant notre copieux petit-déjeuner. Les deux réceptionnistes sont là, et puis arrive la femme de ménage … Plus de personnel que de clients … on se demande bien combien ils peuvent être payés pour que l’auberge rentre dans ses comptes. Un des jeunes regarde le couteau de Clément avec convoitise, sans parler de l’ordi.
"Hier soir nous sommes arrivés à Sofia, où nous nous sommes offerts le luxe d'une nuit au chaud et avec douche en auberge de jeunesse. Petite visite de la ville aujourd'hui et nous repartons. Nous devrions être le week-en prochain à Istanbul, d'où nous prendrons le temps de vous faire partager nos aventures par le menu. Nous vous embrassons tous bien fort."
Sofia


Nous sortons dans les rues de Sofia. Beaucoup de monde, les rues sont encombrées, sales ; sans parler de la profondeur des trous dans l’asphalte ! Des bâtiments pas mal (une vieille chapelle, une cathédrale, un grand musée) mais pas vraiment mis en valeur ; ce qui nous a le plus séduits c’est le grand, ou plutôt le long, marché populaire sur lequel nous sommes tombés. Les mots terniraient le moment, voyez plutôt les images.
Sofia-Plovdiv

Nous quittons Sofia en milieu d‘après-midi, et cherchons de nouveau la « route panoramique » pour échapper à la monotonie de l’autoroute. Nous pensons avoir pris la bonne direction … mais notre route nous mène à un village isolé où les habitations sont desservies par des chemins de terre. Demi-tour. Nous tentons notre chance sur un chemin affublé de deux panneaux de direction en cyrillique … qui débouche sur … un champ de panneaux solaires ! Demi-tour. Nous nous décidons, sur les indications d’un type du coin à emprunter une route … très peu carossable (on l’avait catégoriquement classée de désaffectée lors de notre premier passage) : de longs kilomètres de slalom entre les trous, larges et profonds avant que la même route se retransforme en route, en route normale.
Nous trouvons où dormir tout à fait à l’extrémité d’un village. Près d’un ruisseau. Mais dans la nuit, comment être sûr que celui-ci ne cache pas des montagnes d’ordures.
Plovdiv
Nous n’avons guère pu apprécier la route panoramique qui nous y a mené, vu le temps dégueulasse. Petite ville sympa. Vivante, et surtout moins bordellique et sale que ce qu’on a vu jusque là. Les routes sont en bon état ou en cours de réfection, et il y a des poubelles qui sont utilisées. Nous goûtons aux spécialités locales dans un restaurant « typique ». Clément essaie un plat à base de poulet, d’oignons et de champignons, quant à moi, je tape dans le local au sens large : salade grecque (nous sommes à une soixantaine de kilomètres de la frontière grecque) et shishlik de poulet (brochette de poulet un peu turque). On se régale. Promenade digestive dans les hauteurs d’une colline, sur les pavés de la ville antique de Philippopolis (théâtre romain, stade), réinvestie à la renaissance avec de jolies villas qui abritent en autres musées et académies d’art. On se rend compte à quel point nous nous trouvons à la croisée des influences de la Rome et de la Grèce antique, du monde Otoman et de l’église Orthodoxe. Plovdiv, consciente de son potentiel touristique mise sur la restauration, et il y a déjà pas mal de boutiques qui ont captés le filon.



Terre de mélanges : de l'Empire Romain au soufisme en passant par la liturgie orthodoxe
Plovdiv-frontière turque
En sortant de la ville, direction le Bachkovski Manastir. Ce monastère a un charme certain. Mais les parkings et la longueur de bouibouis qui y mènent, même fermés et déserts, gâche un peu l’atmosphère d’isolement et de pureté qu’on attend d’un lieu comme celui-là. Nous nous enfonçons dans la montagne (la chaîne des Rhodopes) à la recherche d’un coin où se poser pour la nuit qui est déjà là. C’est là notre pain quotidien … Dans la pénombre on devine un paysage magnifique, des pentes abruptes, escarpées. Tout d’un coup, à partir de nulle part et vers nulle part surgit une belle route à l’asphalte neuve. Nous la prenons, et allons nous percher plus haut. Nous allumons un feu. Il fait bon ce soir … La neige ne devrait pas nous piéger là, mais nous nous promettons de ne plus prendre un risque comme ça, celui de se retrouver bloqué en altitude par des congères. A partir de la Turquie, nous ne jouerons plus à cela !


Le lendemain matin, nous maintenons le cap au Sud, à travers ces montagnes et l'hiver,, un énorme détour, sans que le ciel ne se dégage pour nous dévoiler tout le potentiel du paysage ... Nous croiserons même quelques flocons en haut d'un col. A mesure que nous nous rapprochons des frontières turques, nous remarquons, dans cet isolement profond des vallées, des minarets dans chaque hameau ... transition vers l'Orient et le monde musulman amorcée en douceur, dans ce paysage dénué de tout exotisme (mais néanmoins splendide !) ...

Frontière passée ! Nous nous aventurons en Bulgarie … Nous n’avons pas fait deux kilomètres qu’un flic fait ses contrôles, au milieu de nulle part, au croisement où nous aurions dû changer de route. Un peu penauds de ne pas avoir de vignette, nous filons …
… et nous voilà à Kula, dans toute sa splendeur, trou du cul non seulement de la Bulgarie, mais du monde je crois … chez les oubliés de la Terre. Ici ça sent la misère et le désœuvrement. Qui voudrait vivre ici ? Loin de tout, personne ne doit savoir qu’il existe des gens qui vivent ici. Une station service, tout de même, une femme peu aimable, qui n’a pas de vignettes non plus, mais qui au lieu de nous envoyer chez sa voisine et concurrente nous indique la prochaine ville, lointaine. A l’horizon : rien. C’est comme la steppe. Du vide sec, brûlé. Nous allons chez la voisine, très sympa, qui nous vend la vignette, 6 euros, au lieu de 5, on ne dit rien, déjà qu’on peut payer en euros … Car bien sûr on n’a rien changé.
Cette région c’est la région de Vidin, une langue de terre bulgare entre la Roumanie et la Serbie …
Nous y passons la nuit, dans les champs. Au loin deux grosses cheminées : une usine mais de quoi ? Une centrale ?
Le défilé d’Iskur
Lundi. Nous retrouvons la grande route. En bon état il faut le dire, c’est la seule qui relie la région au reste du pays. Monotone, surtout sous ce ciel gris de brume qui plombe tout. Avec les déchets partout, encore, ce gris, cette brume, cette humidité, tout nous paraît sale. De nouveau quelques prostituées sur les aires de stationnement en bordure de route. Deux d’entres elles se tiennent au dessus d’un pneu qui brûle. Dans cet univers froid on cherche la chaleur là où on peut.
Montana, chef-lieu de la région du Montana. Ce n’est plus celle de Vidin, mais c’est pas beaucoup mieux. On trouve, à l’entrée de la ville une station service qui peut nous remplir notre bonbonne de gaz, elle a le bon embout … mais ne prend pas les cartes. Nous partons en ville pour changer de la monnaie. Pendant que j’attends mon tour dans une banque locale (où je détonne un peu avec mes bottes en caoutchouc pourtant très adaptées aux chemins de terre), Clément déniche une Société Générale où il a vite fait d’obtenir des sous bulgares. Nous retournons à la station service … où la jeune fille nous remplit notre bonbonne avec … ce que nous pensons être du GPL ! (pas d’inquiétude, à l’usage très bonne combustion et ébullition rapide ) Pendant l’opération pas mal de gaz s’échappe et nous fait tourner la tête !
A Montana nous découvrons que les barres d’immeubles (type HLM) - par ailleurs en fort mauvais état vu de l’extérieur- doivent être chauffées au bois. En effet du bois est entassé en bas, le long des murs, sous des hangars, dans les entrées. On fera le même constat dans les autres villes bulgares.
A Montana, nous quittons la route directe qui mène à Sofia et optons une nouvelle fois pour l’itinéraire « panoramique » conseillé par l’Atlas. Au premier abord, rien de saisissant, toujours ce gris sale. La route flirte avec les montagnes … jusqu’à ce que, à la recherche d’un coin où déjeuner, nous options pour une route qui s’y engage tout à fait, direction le monastère de Chrepiski. Rochers à pic, route étroite et sinueuse, creusée dans la roche, petits tunnels artisanaux … Nous pique-niquons au bord de l’eau, devant la grille du monastère.
La route continue. Parfois des habitations, assez délabrées, loin de tout.Des petites villes même,
des ouvriers qui travaillent dans les carrières. Car ce monde est minéral, et l’activité semble tourner autour du caillou. Parfois des ponts de singe, des passerelles jetées au dessus de la rivière pour pouvoir gagner à pied l’autre côté. Le paysage, magnifique. Les petites cités ouvrières grimpent sur les pentes, en harmonie avec le relief.
Après plusieurs de conduite attentive sur cette route accidentée, le paysage s’ouvre de nouveau et nous retrouvons la « civilisation » : les barres d’immeuble, les déchetteries sauvages, et un certain bordel dans le trafic routier. C’est la banlieue de Sofia. On cherche à s’orienter vers un « centre », et y allons à l’aveuglette, dans la nuit, dans ce bazar. Il faut dire que, depuis la Serbie, nous faisons face à l’alphabet cyrillique … le même qui nous avait laissé tellement bêtas lors de notre courte épopée en Ukraine. Petit avantage ici, la plupart du temps les indications sont transcrites en latin , la plupart du temps … mais pas toujours ! Et à Sofia cela ne semble pas être la règle … Nous tournons un petit moment, dans les bouchons. A un feu, l’homme dans la voiture à notre droite nous fait de grands signes. Nous ouvrons la fenêtre et il nous crie, dans un très bon français : « Cette voiture est magnifique ». Forts du compliment, nous en profitons pour lui demander le « centrum ». Il apparaît que nous passés à côté. Changement de direction. Nous ne voyons toujours pas où il peut être. On se gare. Au Mac Do, encore une fois, nous parvenons à connecter l’ordi (très faible la connexion) et finissons par trouver une auberge de jeunesse où passer une nuit au chaud et prendre une bonne douche : « Be my guest », tout petit (une dizaine d‘hôtes maxi), très sympa. Nous nous y partageons l’espace avec le jeune qui se charge de la réception 24/24. Dîner légumes et œufs brouillés dans la tiédeur de la pièce. Que c’est bon ! Le lendemain matin on a du mal à sortir du lit. On traîne devant notre copieux petit-déjeuner. Les deux réceptionnistes sont là, et puis arrive la femme de ménage … Plus de personnel que de clients … on se demande bien combien ils peuvent être payés pour que l’auberge rentre dans ses comptes. Un des jeunes regarde le couteau de Clément avec convoitise, sans parler de l’ordi.
"Hier soir nous sommes arrivés à Sofia, où nous nous sommes offerts le luxe d'une nuit au chaud et avec douche en auberge de jeunesse. Petite visite de la ville aujourd'hui et nous repartons. Nous devrions être le week-en prochain à Istanbul, d'où nous prendrons le temps de vous faire partager nos aventures par le menu. Nous vous embrassons tous bien fort."
Sofia
Nous sortons dans les rues de Sofia. Beaucoup de monde, les rues sont encombrées, sales ; sans parler de la profondeur des trous dans l’asphalte ! Des bâtiments pas mal (une vieille chapelle, une cathédrale, un grand musée) mais pas vraiment mis en valeur ; ce qui nous a le plus séduits c’est le grand, ou plutôt le long, marché populaire sur lequel nous sommes tombés. Les mots terniraient le moment, voyez plutôt les images.
Sofia-Plovdiv
Nous quittons Sofia en milieu d‘après-midi, et cherchons de nouveau la « route panoramique » pour échapper à la monotonie de l’autoroute. Nous pensons avoir pris la bonne direction … mais notre route nous mène à un village isolé où les habitations sont desservies par des chemins de terre. Demi-tour. Nous tentons notre chance sur un chemin affublé de deux panneaux de direction en cyrillique … qui débouche sur … un champ de panneaux solaires ! Demi-tour. Nous nous décidons, sur les indications d’un type du coin à emprunter une route … très peu carossable (on l’avait catégoriquement classée de désaffectée lors de notre premier passage) : de longs kilomètres de slalom entre les trous, larges et profonds avant que la même route se retransforme en route, en route normale.
Nous trouvons où dormir tout à fait à l’extrémité d’un village. Près d’un ruisseau. Mais dans la nuit, comment être sûr que celui-ci ne cache pas des montagnes d’ordures.
Plovdiv
Nous n’avons guère pu apprécier la route panoramique qui nous y a mené, vu le temps dégueulasse. Petite ville sympa. Vivante, et surtout moins bordellique et sale que ce qu’on a vu jusque là. Les routes sont en bon état ou en cours de réfection, et il y a des poubelles qui sont utilisées. Nous goûtons aux spécialités locales dans un restaurant « typique ». Clément essaie un plat à base de poulet, d’oignons et de champignons, quant à moi, je tape dans le local au sens large : salade grecque (nous sommes à une soixantaine de kilomètres de la frontière grecque) et shishlik de poulet (brochette de poulet un peu turque). On se régale. Promenade digestive dans les hauteurs d’une colline, sur les pavés de la ville antique de Philippopolis (théâtre romain, stade), réinvestie à la renaissance avec de jolies villas qui abritent en autres musées et académies d’art. On se rend compte à quel point nous nous trouvons à la croisée des influences de la Rome et de la Grèce antique, du monde Otoman et de l’église Orthodoxe. Plovdiv, consciente de son potentiel touristique mise sur la restauration, et il y a déjà pas mal de boutiques qui ont captés le filon.
Terre de mélanges : de l'Empire Romain au soufisme en passant par la liturgie orthodoxe
Plovdiv-frontière turque
En sortant de la ville, direction le Bachkovski Manastir. Ce monastère a un charme certain. Mais les parkings et la longueur de bouibouis qui y mènent, même fermés et déserts, gâche un peu l’atmosphère d’isolement et de pureté qu’on attend d’un lieu comme celui-là. Nous nous enfonçons dans la montagne (la chaîne des Rhodopes) à la recherche d’un coin où se poser pour la nuit qui est déjà là. C’est là notre pain quotidien … Dans la pénombre on devine un paysage magnifique, des pentes abruptes, escarpées. Tout d’un coup, à partir de nulle part et vers nulle part surgit une belle route à l’asphalte neuve. Nous la prenons, et allons nous percher plus haut. Nous allumons un feu. Il fait bon ce soir … La neige ne devrait pas nous piéger là, mais nous nous promettons de ne plus prendre un risque comme ça, celui de se retrouver bloqué en altitude par des congères. A partir de la Turquie, nous ne jouerons plus à cela !
Le lendemain matin, nous maintenons le cap au Sud, à travers ces montagnes et l'hiver,, un énorme détour, sans que le ciel ne se dégage pour nous dévoiler tout le potentiel du paysage ... Nous croiserons même quelques flocons en haut d'un col. A mesure que nous nous rapprochons des frontières turques, nous remarquons, dans cet isolement profond des vallées, des minarets dans chaque hameau ... transition vers l'Orient et le monde musulman amorcée en douceur, dans ce paysage dénué de tout exotisme (mais néanmoins splendide !) ...