Sauraha : un séjour “humide” ...

Publié le par Sur la route de soi

 

     Sauraha, village (touristique) à l'orée du Parc National de Chitwan, dans le teraï népalais (les basses-terres inondables autrefois recouvertes de jungle et peu habitées car insalubres pour cause de palu). Nous avons débarqué là de fort bonne heure le matin du vendredi 4 juin, il y a tout juste une semaine ...


      Petit point météo


      Nous avons bien cru que nous ne survivrions pas à cette première journée dans le teraï. Il faut dire que nous sommes arrivés ici dans un sale (voire très sale) état : de vilains restes de nausée et de colique douloureuse sur un épais fond de nuit blanche assourdissante poussiéreuse et nerveusement infernale. Et voilà que, après nos 20 jours de marche plus que sportive, nous nous laissions glisser dans les vapeurs d'un sauna géant ; après ça il ne faut plus s'attendre à revoir un seul bout de graisse sur nos os : nous fondons comme neige au soleil ... Bref, le sauna, on a toujours su qu'il ne fallait pas s'y éterniser plus de 15-20 minutes maximum ... c'est le temps qu'il nous a fallu, cette première matinée-là, pour commencer à délirer tranquillement à l'ombre chaude d'un parasol de chaume : pluie, neige, tempête bretonne, crachin normand et grisaille parisienne nous apparaissaient comme autant de paradis perdus, que nous avions négligés par manque de discernement. Au bout de quelques heures d'agonie il nous semblait évidant qu'il allait falloir prendre la route pour notre douce France immédiatement, sortir du four pour regagner le frigo (oui, ici, à 20°C on parle de frigo ; moins de 10°C c'est déjà un congélo) semblant être une question de survie ...


Nepal Sauraha Crocodile-Safari-Camp (2)

     

     Et puis nous avons survécu. Notre corps s'est acclimaté aux 33°C à l'ombre de température ambiante (avec de drastiques chutes à 29° par les nuits chaudes, voire 27° les nuits froides). Car il ne fait QUE 33°C ; ça c'est absolument incroyable ! Et n'allez pas nous prendre pour des chochottes : c'est le taux d'humidité qui change tout. Quand on dit humide on veut dire très très humide. Pour vous donner une idée le linge que l'on met à sécher par ces températures et en plein soleil peut mettre plus de 24h à sécher, et quand on ouvre un paquet de biscuits “secs” ils ne le sont plus du tout dans la demie-heure qui suit, plus proches alors de la bouillie obtenue après les avoir trempés dans un bol de thé ...


     Nous infusons donc depuis 7 jours dans la buée d'un thé géant, observant, impuissants, de grosses gouttes de sueur dégouliner sur notre peau de toutes les parties de notre corps. Si nous utilisions du déo il faudrait en recouvrir le moindre centimètre carré de peau que nous avons, et la peine que nous nous donnerions serait perdue. L'heure est donc aux économies d'énergie calorifère. Surtout : ne pas produire de chaleur. Tels des “momos” (les raviolis tibétains) dans leur panier vapeur, nous laissons le temps glisser sur nous en bouquinant et en ne rien faisant ... Limiter nos mouvements, c'est là la clef. Se faire le plus fins possible et le plus réceptifs aux courants d'air. Et quand nous partons en ballade, ne serait-ce que pour trouver un peu de nourriture, nous sommes résignés à mouiller chemises et pantalons. Marcher, c'est un peu comme rentrer dans un bain très chaud, dont on ressort forcément trempés et couleur écrevisse. Nous ne nous déplaçons plus sans notre parapluie, instrument qui sert d'ombrelle à tous les locaux. Car s'il fallait subir les rayons du soleil en plus de la chaleur ambiante qui sait ce qu'il adviendrait de nous ... Nous ne nous déplaçons plus non plus sans nos bouteilles d'eau. Nous carburons à 5L chacun par jour pour pisser un à deux verres. Le reste c'est nos vêtements qui l'épongent !

      A ce propos nous ne nous sommes jamais sentis aussi secs qu'après avoir essuyé un énorme orage, pluie battante grêle tonnerre et vent, qui nous a pourtant détrempés. L'air était si frais après, le vent si efficace, que pendant quelques temps nous avons été débarassés de cette moiteur qui nous colle à la peau.


      Notez bien que nous venons de lire dans le journal qu'il ne s'agissait pas encore de la mousson mais bien d'intempéries de “pré-mousson”. L'article nous informait que la mousson à proprement parler (c'est à dire ???) avait débarqué un jour d'avance sur le sous-continent indien, par la pointe sud de l'Inde, le 31 mai. Elle était attendue au Nord du pays entre les 10 et 20 juin. En attendant il ne s'agit que de “pré-mousson”.

      Voilà la température donnée.


      Nepal Sauraha lectureLa douce vie des crocodiles


      Si, une semaine plus tard, nous sommes toujours dans le panier vapeur, c'est que, malgré tout, nous coulons ici des jours bien agréables. Et la petite rivière qui passe au bout de la prairie de hautes herbes, juste derrière les étables des éléphants, n'y est pas pour rien. Nous avons découvert ce petit coin de paradis le deuxième jour ici, et c'est devenu notre baignoire quotidienne. Nous y lézardons chaque jour de longues heures, allongés dans l'eau claire et peu profonde. Nous cherchons à imiter les crocrodiles auxquels nous avons rendu visite l'autre après-midi dans le Parc National. Il s'agissait de “gavials”, une espèce aux mâchoires étroites et allongées. Ils nous ont impressionnés par leur immobilité. Tels des statues ils prennent le soleil, tels des statues ils s'immergent dans l'eau de leur bassin, leur seule activité consistant à “réguler leur température” : quelle vie !

      Il est à peu près aussi plaisant de barboter dans cette eau que dans la Gartempe, la Vienne ou  l'Orne, à ce détail près que ...

.... nous avons pour voisins non seulement des buffles, mais aussi des éléphants !


Nepal Sauraha riviere au crepuscule


    

Publié dans Népal

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