L'interminable ennui de la plaine : Budapest-frontière serbe

Publié le par Sur la route de soi

Budapest-Szeged

    Nous quittons Budapest sous le soleil. Nous sommes jeudi midi, nous avons le ventre plein, du linge propre et quelques provisions. Et surtout une grosse envie d’ailleurs, enfin. Car pour le moment nous n’avons fait que fouler de nouveau des chemins déjà explorés. La Serbie, la Bulgarie, voilà enfin du nouveau ! Le cap est mis sur Belgrade, capitale de la Serbie voisine, par la route de Szeged. La route n°5. Nous n’avons pas roulé bien longtemps que nous remarquons, sur les bas côtés, de jeunes prostituées qui attendent leur tour. Un mac attend dans sa voiture un peu plus loin. La grisaille a remplacé le soleil. Il ne fait pas chaud. Il y en a même une qui a allumé un petit feu. C’est triste à voir. Comme si ça avait donné le ton à tout le paysage, la campagne nous paraît triste. Est-ce que ça vient des ordures qui jonchent les bords de la route, les fossés, s’accrochent aux mauvaises herbes ? Ou bien de ces bois de bouleaux, dépouillés de leurs feuilles, gris ? La plaine, à perte de vue, monotone. L’interminable ennui de la plaine. Le long de la route, de loin en loin, des maisons, ou plutôt une maison, assortie de quelques constructions annexes, de guingois, sans ordre apparent, sans raison apparente non plus d’être tombée là plutôt qu’ailleurs. Et puis d’autres prostituées.
   Des bourgades où tout est large. L’espace, ce n’est pas ce qui manque sur cette plaine. L’axe principal : de part et d’autre des deux voies de circulation, une bande d’herbe assez large, plantée d’arbres, aux troncs peints (traités ?) de blanc, puis une sorte de fossé-caniveau, de nouveau de l’herbe, un petit sentier pour les piétons (voire un trottoir) et enfin le mur des habitations ou des boutiques. Une structure qui nous rappelle celle de certains villages slovaques ou roumains. Les gouttières des maisons sont prolongées, au niveau de la base du toit, et soutenues par des piquets  qui les emmènent un peu plus loin, au-delà du passage des piétons, parfois jusqu’au fossé. Des femmes, des hommes, balaient les feuilles de ces pelouses dans de grands sacs poubelles.
    Le long de cette interminable route, hors des villages, l’accès aux habitations isolées est signalé par des pneus, plus ou moins gros, plus ou moins pourris.
    Nous approchons de Szeged et donc de la frontière et choisissons de nous arrêter dormir avant. Il est plus de 4 heures et la nuit tombe. Nous cherchons le lac indiqué sur la carte, espérant qu’il soit bordé d’une petite aire de pique-nique comme il y en a souvent … Ce sera peine perdue … aucun accès à ce lac, qui d’ailleurs doit plutôt ressembler à un immense marécage, perdu au beau milieu de champs à la terre grasse juste labourée. Et puis le coin est tout retourné par de grands travaux routiers, sans parler de ces champs de pylônes, à croire que toute l’électricité du pays passe par là. Il fait nuit noire. Nous finissons par couper le moteur dans un petit village bien tranquille … tranquille … à peine le-dit moteur coupé, de toutes parts nous entendons les chiens aboyer. Nous nous installons, pensons qu’une fois que nous ne bougerons plus trop ils se calmeront, s’habitueront à notre présence … C’était bien optimiste : ils ont aboyé toute la nuit !!! Vers 1 heure du matin j’aurais aimé dire que les coqs et leurs cocorico ont pris le relais, mais non, ils se sont joints à eux ! Malgré cette cacophonie, sur le petit chemin d’herbe entre des marais de roseaux et les dernières habitations du village, nous avons plutôt bien dormi. Petit événement dans la soirée : un boum sur la carrosserie nous surprend. Clément crie, je hurle. Et je déclenche l’alarme de notre lampe dynamo : minable ! Ça fait pas plus de bruit ni de peur qu’un poussin sorti de son œuf. Quel gadget ! Bon au final c’était un chien intéressé par notre poubelle (comme si y’en avait pas assez à dispo dans la nature) : on est morts de rire !

Szeged

   Soleil. Vendredi matin, petit tour dans la ville de Szeged : un grand fleuve, une cathédrale, un marché de Noël en préparation, un autre déjà en place, un centre-ville plutôt agréable, vivant en tout cas, des gens très affairés. Un bon petit soleil.
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Frontière hongro-serbe

    Déjà, y arriver. Tout d’un coup, la route qui devait nous y mener, barrée ! Obligés de prendre l’autoroute. Nous n’avons pas la vignette pour cela et craignons de nous faire pincer à la frontière. A la station service on nous rassure, pas besoin de vignette jusqu’à la frontière.
On approche, on approche, ne sachant pas trop à quelle sauce on sera mangés. Nos amis de Vienne nous ont prévenu : avec une grosse voiture comme la nôtre tout plein chargée, ce serait bien le diable si les Serbes ne veulent pas y jeter un coup d’œil (i.e. : tout déballer …). Et bien non ! Les douaniers serbes n’ont même pas daigné ouvrir le coffre (contrairement aux hongrois) : ça les a fait bien rire quand Clément leur a dit qu‘on filait vers l‘Inde. Une frontière bien vite passée.

PS : on met en ligne profitant du réseau wifi d'une station service au fin fond des montagnes bulgares. On ajoutera les photos une fois à 'Stamboul.

Publié dans Hongrie

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