Fin prêts pour les Annapurnas !
Et non ! Pas encore partis sur les chemins ! Il faut dire que les maoïstes ne nous facilitent pas la tâche ...
1er mai à Pokhara
Quand nous nous sommes réveillés samedi, sur notre pseudo terrain de camping, des maoïstes tenaient meeting sous une grande tente dressée là pour l'occasion. Des gars découpaient des brassards dans de la vilaine toile de jutte, tous portaient des T-shirts rouges estampillés de la faucille et du marteau. Bref, on était dans l'ambiance ! Un 1er mai de manif assez calme, mais la vie habituelle tournait déjà bien au ralenti.
Où l'on apprend ce que blocus veut dire ...
Et puis dimanche, voilà la grève générale annoncée qui commence. Les maoïstes avaient prévenu : si leur revendications ne trouvaient pas de réponse adaptée du gouvernement, ce serait la grève générale. Et la grève fût bel et bien générale ... Interdiction de circuler, d'ouvrir son commerce ou de travailler sous peine de rançon ... La formule semble assez disuasive : dimanche matin la ville de Pokhara est morte, comme anesthésiée. On n'entend plus un moteur, si ce n'est ceux des camionnettes chariant les recrues maoïstes, ou les véhicules de la police. A propos de policiers, ceux-ci sont déployés à chaque carrefour, dans leurs uniformes bleu marine, plus ou moins équipés de gilet pare-balle. La chaleur est étouffante. Les rideaux de fer des boutiques sont descendus, sauf quelques uns laissés entre-ouvert, le commerçant ou la commerçante avec leurs bambins plantés devant l'air de rien et proposant leurs produits ou leurs services aux passants ...
Les étals évaporés sous la menace, la rue a comme doublé en largeur. Des vélos circulent, et encore des vélos ! Les enfants jouent dans les rues, à la balle, avec des pneus de vélo, avec des capsules de bouteilles de bière. Une nouvelle vie s'empare de la chaussée dans le silence de l'absence des moteurs ...
Tous les soirs, entre 18 et 20h, les rideaux de fer se lèvent, et la vie commerciale reprend. Les maoïstes accordent 2h par jour à tout le monde pour se ravitailler et parer aux besoins de 1ère nécessité. A ce rythme là,la grève peut durer longtemps ! C'est l'heure à laquelle les touristes et ahutres voyageurs de tout poils sortent de leurs antres et se rendent au restaurant ... A 20h , à coup de sifflet, les maoïstes annoncent le couvre-feu, l'heure de fermer boutique. C'est alors qu'on couvre les feux : nous sommes dirigés vers les arrière-boutiques ou les fonds de salle des premiers-étages-en-terrasse, et finissons nos repas à la lueur des bougies ....
Et le tour des Annapurnas dans tout ça ?
Conséquence pour nous de cette grève qui dure maintenant depuis 4 jours : pas de bus pour Besisahar, le point de départ de notre rando du tour des Annapurnas. Ce trajet se fait habituellement en 5h de bus. Nous ne savons pas non plus dans quelle mesure, en tant que touristes, nous pouvons circuler avec notre voiture. De toute façon ça ne nous arrangerait pas de laisser la 4L dans le village de Besisahar. La situation ne semblant pas se débloquer,et après avoir consulté à peu près tout le monde sur ce sujet, nous avons décidé de partir de Pokhara à pied. 2, 3, 4, 5 jours ? Nous ne savons pas au juste combien de temps il nous faudra marcher pour rejoindre l'itinéraire balisé ... nous allons emprunter des sentiers empruntés par les locaux, mais rarement foulés par les touristes. C'est un peu l'aventure ... Une seule chose est certaine : départ demain matin 5h30 ! Pour le manger et le dormir ce sera probablement chez l'habitant ... que de suspens !
Se tourner les pouces à Pokhara ...
Qu'avons-nous fait de nos journées ici par temps de grève ?
Et bien on a bouquiné un peu dans le jardin du petit hôtel sympa où nous sommes installés depuis dimanche (Hotel Mandala), et on a diaboloté un peu aussi.
Il y a eu de très beaux orages, le soir et la nuit, qui ont fait vibrer les murs de la chambre, et l'un d'entre a réussi à si bien laver le ciel que nous avons pu enfin apercevoir, par delà les collines, les sommets du Machapuchare et des Annapurnas. Après tant de jours de brume, c'en était émouvant ... (Vous voyez, là, au bout de la rue, c'est le Machapuchare, 6993 m, demeure de Shiva à ce qu'on dit ... On a hâte d'aller y voir de plus près !)
Et puis aujourd'hui petite ballade vers le Nord du lac Phewa Tal, dans la fraîcheur de l'après-averse. Parfums de terre et d'eau, un régal ...
Au retour de notre promenade, à midi, Elisabeth et Jacques, retraités baroudeurs à plein temps, nous ont invité à nous joindre à eux pour un petit pique-nique délicieux chargé d'humour ! Merci les amis !
Ca c'était avant qu'on ne passe un autre moment très sympatique en compagnie des buffles vautrés dans leur bain de boue ! Comment ne pas rêver être buffle !
Et le soir nous replongeons dans l'ambiance du moment : petit meeting maoïste à Camping Chowk pour finir la journée en beauté !
Et bien ce sera tout pour les nouvelles. Nous vous saluons bien bas. Vous allez tous nous manquer, fidèles lecteurs, mais nous serons ravis de lire à notre retour les petits messages que vous aurez laissés sur le blog ... De notre côté soyez sûr que nous penserons à vous, au chaud dans vos foyers, confortablement installés dans vos voitures, avec de l'oxygène en veux-tu en voilà, et au moins autant de saucissons, de bifteks et de gratins dauphinois !
PS : Brève du 03/05 du Courrier International sur le Népal
Brève du 04/05 du Courrier International
PPS : à force d'en entendre parler, on pense de plus en plus prolonger notre "Tour des Annapurnas" par une incursion au coeur du massif, dans le "Sanctuaire" comme ils disent, vers les camps de bases du Machapuchare (MBC) et de l'Annapurna (ABC). Juste pour que vous sachiez ce qu'on a en tête !